Ce 15 décembre, devant les 1re Auxiliaire de magasin, Ouvrier du bâtiment et Couvreur, 6e Vendeur et 7e Gestion de Très Petites Entreprises, Nicolas Delvin a confronté les élèves à sa propre réalité.
Depuis 2017, il a tout mis en place pour ne plus retomber dans la drogue et fait de la prévention dans les écoles. Nicolas commence : « Ce que je vais vous raconter, ça reste mon parcours et ne croyez pas qu’il est facile de sortir d’une addiction. »
La famille de Nicolas n’avait pas de problème d’addiction. Petit, son père lui a appris beaucoup de choses : à bricoler, à jouer au foot et à être débrouillard. Vers l’âge de 12 ans, ses parents se sont séparés et dès la première secondaire, l’effet de groupe a été important. Nicolas s’est facilement laissé influencer lors de son adolescence.
À 18 ans, alors qu’il était en contrat d’apprentissage pour devenir boucher, c’est là qu’il a commencé à fumer le cannabis, la cigarette, puis l’héroïne et enfin la cocaïne.
« Je ne savais pas que ça serait aussi difficile de sortir de cette spirale infernale ».
Dépendant, sous traitement avec de la méthadone, suivi par l’ASBL Repères, interné en séjour psychiatrique, Nicolas a tenté de se relever mais ses vieux démons réapparaissaient.
La drogue coutait très cher, Nicolas s’est perdu. Tout ce qui l’intéressait, c’était de consommer. Il s’est endetté, a perdu plusieurs boulots, a déménagé et a même pensé à mettre fin à ses jours.
« Mon besoin de consommer passait au-dessus de ma famille».
Fin 2017, Nicolas perd son papa : « les moments perdus avec mon père, je ne pourrai pas les récupérer. J’ai perdu au final 10 ans de ma vie ».
« Je ne payais plus mon loyer, mon électricité, mes trajets en train... Quand on a besoin de sa dose, c’est une question de survie de passer à l’action et de trouver une solution pour consommer, je me suis dit que j’allais faire un vol à main armée ».
Au bout du 3e vol, Nicolas est incarcéré à la prison de Tournai : « Les conditions étaient rudes, mais ma famille m’a toujours soutenue, même dans cette période difficile. Quand je les voyais lors des visites, j’étais triplement content : j’avais un contact, une sortie et un Fanta. Je me suis rendu compte de la chance que j’avais ainsi. Quand on est enfermé entre quatre murs, on ressent ces petits privilèges. »
Après deux mois et demi d’incarcération, le juge lui a donné une seconde chance. « L’une de mes petites étoiles » confie Nicolas.
Le besoin de retrouver la liberté a été plus fort que tout! C’est ce qui a guidé Nicolas dans sa reconstruction, à la sortie de prison.
Petit à petit, il a remboursé ses dettes, retrouvé un job, arrêté la cigarette, recommencé à jouer au foot …
« Et là, de nouveau, la petit étoile au-dessus de moi, j’ai rencontré une fille qui m’a fait confiance et notre fils est né en 2019 ».
Sur ces mots et devant une classe attentive, Nicolas termine son témoignage avec quelques conseils adressés aux élèves : « Vous êtes jeunes, vous avez tout à votre portée. Réfléchissez à ce que vous faites! Quoi qu’il arrive, retenez que la justice ne vous oubliera jamais. Et surtout, profitez de la vie et faites attention à vous ! ».
Ce témoignage poignant et sincère n’aura pas laissé les élèves de marbre.
Coralie Dessouroux, élève en 7e GTPE au CEFA réagit à l’issue de cet échange : « Je suis concernée directement, j’ai quelqu’un de mon entourage qui est passé à deux doigts de la mort à cause de la drogue. Ce témoignage est important pour les jeunes. Pour décider de sortir d’une addiction, il faut que ça vienne de la personne elle-même. Ça arrive plus vite qu’on ne le pense, on tombe vite dedans. Les personnes n’osent pas en parler, c’est la honte de demander de l’aide. C’est essentiel de pouvoir en témoigner comme Nicolas l’a fait aujourd’hui ».
Sur un ton non-moralisateur, Nicolas Delvin continuera à expliquer son parcours dans les écoles pour lutter contre les conséquences de l’addiction à la drogue.
Retrouvez son livre : J'arrête quand je veux ! aux éditions "Un coquelicot en hiver"
