Lutter contre les discours haineux

Lutter contre les discours haineux

 

 

Si les élèves ne peuvent plus quitter l’école pour participer aux activités extérieures, rien n’interdit une classe d’accueillir une animation. Qui plus est, si celle-ci est interdisciplinaire et touche au monde de la lutte contre les discours de haine. Défi relevé en ce début de semaine pour l’Ecole du Futur de Mons qui a reçu, en ses murs, l’ASBL « Ami, entends-tu ? ». Elle propose différents ateliers de réflexion qui sensibilisent les jeunes aux discours extrémistes.

En entrant dans la classe de Gil Lamparts, prof de Français au premier degré, l’ambiance est proche du recueillement. N’y voyez pas un soupçon de tristesse ou de résignation. Que du contraire, les élèves sont attentifs et réceptifs. Emerveillés d’entendre les récits de celles et ceux qui un jour ont dit « Non ! ». Marie Curry, Janusz Korczak, Sophie Scholl... autant de vies porteuses d’espoir dans leur domaine. Car il s’agit de lutter effectivement contre toute forme de discrimination.

Ethan, élève de première : « Je suis devenu fan de Janusz Korczak. Il m’interpelle : il a pris position de manière ferme contre le mépris envers les enfants. Il m’inspire. En effet, il faut se battre pour que les enfants ne soient plus victimes et que les droits de l’enfant soient respectés. Dès aujourd’hui, je veux devenir acteur et rester attentif aux situations difficiles autour de moi ».

Le pédiatre Janusz Korczak laisse son nom à la postérité pour son engagement en faveur des droits de l'enfant. Il est reconnu comme le précurseur et l'inspirateur de la Convention des droits de l'enfant.

Marie Scholl ne laisse pas la classe indifférente : cette jeune Allemande ayant lutté contre le nazisme, s’est vue condamnée à mort pour avoir imprimé des tracts dénonçant les pratiques du totalitarisme. Il en va de même lorsque les élèves découvrent la détermination humanitaire de Marie Curry, physicienne. Son action durant la Grande Guerre en faveur des blessés résonne encore fortement aujourd’hui.

L’animation se poursuit, les exemples se multiplient. Les explications sont parfois lourdes à entendre et comprendre mais les élèves restent impassibles. Partager de l'émotionnellement "lourd" en mode didactique est possible. « C’est un projet pluridisciplinaire qui rejoint les cours d’histoire, géo, français et d'art. Au-delà de la lecture de romans adaptés sur les personnages évoqués en classe, nous préparons une expo pour les journée portes ouvertes virtuelles de l'école. Une scène d’un livre sera reconstituée sous forme d’expo, par exemple », signale Jill Lampaert, enseignante en français au sein de l’EDF Mons.

C'est un bénéfice pour les élèves qui eux aussi font face à la crise sanitaire en adaptant leur manière de vivre, de penser, d'étudier. Nous n’avons pas fini d’être surpris par l’impact de cette activité : « C’est important que l’on puisse nous transmettre ces choses et de ne pas les cacher ou les rendre tabou. Les situations sont parfois cruelles mais plus on grandit et plus on les apprend de manière concrète. Nous ne vivons pas dans un monde de licorne. La vie n’est pas toute noire ou toute blanche. Même durant la guerre, les soldats avaient l’occasion de se réjouir. Je voudrais dire aux victimes de continuer à croire en leur rêve. Les agresseurs ne sont pas bien en eux-mêmes mais doivent croire en demain malgré tout. Qu’ils ne soient pas bien est une chose mais le faire payer aux autres, ce n’est pas acceptable », délivre Liadale, elle aussi élève en première.

Une matinée plus qu’enrichissante pour ces élèves qui n’ont pas fini de nous étonner. A suivre donc !

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